mercredi 16 février 2011

Peut-on mettre quelque chose au clair

C'est un sujet que je ramène régulièrement, et que j'espère aide à faire un peu mieux passer le message concernant la fameuse ÉTIQUETTE.

Semblerait que plusieurs ont de la difficulté à comprendre le besoin de cette étiquette et la voit comme "mauvaise".

Pire, ça fait plus d'une fois, assez pour que je ramène le sujet, que je lis, qu'il semblerait bien qu'on ne voit QUE l'ÉTIQUETTE dans nos enfants.

Je l'ai lu à une place, bien entendu pas écrit clairement mais c'est dit entre les lignes. On devrait voir l'HUMAIN au lieu du TED. 

Lorsqu'on tente d'expliquer les difficultés de notre enfant et qu'on se fait répondre "dans mon temps, on avait pas besoin de les étiquetter, c'était juste des enfants."

Et hier j'ai vu ce vidéo, dont je comprends très bien le message MAIS.


J'ai envie de répondre haut et fort :  "Est-ce que vous nous prenez pour des cons?"  Parce qu'honnêtement, se faire reprocher par la population l'étiquette de nos enfants de la sorte, c'est vraiment penser que nous sommes de vrais monstres.

Pourtant, si on prend le temps de s'asseoir et d'y penser, comme j'ai déjà expliqué , ces gens qui nous reprochent ces fameuses étiquettes, passent eux aussi leur temps à en poser une. (paresseux, difficile, capricieux, enfant roi...)

J'essaie de comprendre encore une fois pourquoi on tient absolument à voir de façon négative de simples termes qui nous aide à mieux comprendre certaines situations. Comme le débat sur l'utilisation du mot HANDICAP. Pourquoi le voir négativement, comme si d'utiliser ces "étiquettes" étaient un préjudice à la personne?

Croyez-moi quand je le dis, je ne connais aucuns parents qui a eu du plaisir à chercher et apposer une étiquette à leur enfant. AUCUN.

J'essaie de comprendre pourquoi, utiliser une étiquette, est vu comme si on ne traitait plus nos enfants comme des humains?  Voyons, vous croyez vraiment qu'on voit nos enfants avec une étiquette dans le front? Que c'est comme ça qu'on les voit, une grosse étiquette ambulante avec un gros X rouge sur leur personnalité? Qu'on les condamnes? Qu'ils ne sont plus des enfants mais seulement un trouble?

Parce que si c'est ça, c'est vraiment prendre les parents d'enfants malades, handicapés, pour des imbéciles.


*** L'utilisation du "vous" n'est pas faites pour accuser des personnes en particulier ni pour généraliser la situation. Le vous c'est pour ceux qui ne semble pas comprendre, parce que même si "vous"(lecteur du moment) êtes d'une superbe compréhension, ce n'est pas le cas de tous.

Non le texte n'est pas écrit suite à un commentaire dirigé personnellement sur moi donc ne vous inquiètez pas!***

dimanche 13 février 2011

Le pouvoir du dessin

Je vais faire un aveu. Il y a longtemps qu'on m'explique et que je SAIS qu'on doit utiliser le visuel pour l'enfant TED (et sûrement plusieurs autres enfants pour plusieurs raisons aussi!). Que ça lui permet de mieux comprendre et intégrer les apprentissages, routines...

Malgré moi on dirait que je n'y arrive pas totalement.

Ok oui Tommy a des pictogrammes, on avait installé un horaire au début avant les services du CRDI, à la garderie il a sa structure visuelle, habillage, brosser les dents, laver les mains etc...

L'éducatrice, et amis, me recommandent souvent d'utiliser, si je suis mal prise, un papier et un crayon et dessiner les explications.

Fait à noter. Je suis POURRIE, litérallement, en dessin. Je ne suis pas très visuelle de nature donc même si on me demande de dessiner quelque chose de simple comme un chat, croyez-le ou non, j'ai de la difficulté!

Donc, on me recommande souvent de le faire si nécessaire, et souvent je me décourage un peu parce que je me dis que si je n'arrive pas à dessiner quelque chose de clair(je ne parle pas de perfection là mais comment dessiner une idée X et que ça soit facile à comprendre), comment fiston pourra-t-il mieux comprendre?

De l'autre coté, à quoi ça me sert de dessiner pour des fillettes qui sont tout à fait verbales et semblent très bien comprendre les explications par la parole?

Je vous écris tout ça, parce que oui je connais l'utilité du visuel, mais de l'autre coté j'arrive difficilement à me dompter et le faire.



Vendredi dernier, la petite cocotte avait une grosse peine. Nous sommes à 10 minutes de son heure du dodo et elle se sort une pomme du frigidaire. Elle essaie tant bien que mal de croquer la pomme, mais elle n'y arrive pas (vous savez quand la pelure est trop épaisse là et que les dents ne font que glisser!). Elle va donc voir son papa pour enlever la pelure, et celui-ci lui répond que non, il est trop tard, elle aura sa pomme demain.

Parents de n'importe quel enfant, vous comprenez sans doute la réaction que la minie puce a eu. Les larmes... de grosses larmes qui perlent sur ses jouent.

Je propose donc, en bon coeur de vendredi soir, et pensant à ma cocotte appétit d'oiseau, de lui donner un petit morceau et le reste de la pomme le lendemain.

Je demande donc à la minie de venir me voir, on va parler! 

Je commence donc

"il est tard tu pourrais avoir un petit morceau......."

Impossible de poursuivre ma phrase. Au mot morceau, la minie hurle de plus bel.

Je suis certaine que la scène vous rappelle bien des souvenirs!

Pour moi, par contre, il est important de dédramatiser le tout avec une cocotte qui a une tendance à voir toute la vie comme un drame! Comment lui expliquer pour qu'elle comprenne? Parce qu'en dehors du caprice de vouloir sa pomme au complet, je ne suis pas certaine que la puce comprend vraiment ce que je tente de lui expliquer, soit qu'elle aura un morceau aujourd'hui et la pomme au complet demain.

Et je pense, au diable mes talents de dessinatrice, j'ai la chance que la minie cocotte comprenne les explications donc même si je dessine tout croche je peux au moins lui expliquer ce que le dessin représente.

Saute sur le magnadoodle.

"Regarde"
"Ici c'est la pomme au complet" (un dessin de pomme)
"Là c'est la nuit" (une lune)
"Là c'est le jour" (un soleil)

"Quand c'est la nuit, tu peux avoir un morceau seulement"
"Quand c'est le jour, tu peux avoir ta pomme au complet sans la pelure".

"Là regarde dehors, c'est la nuit, donc qu'est-ce que tu peux avoir?"

Réponse de la cocotte : "Un morceau".
Je lui ai donné le tableau et lui ai offert d'aller le montrer à son papa pour lui expliquer qu'elle voulait son morceau de pomme, parce que c'est le jour seulement qu'elle peut avoir sa pomme au complet.

J'ai retrouvé une petite cocotte souriante, qui a compris ce que j'essayais de lui expliquer.


Hier Tommy a commencé à être malade et il a vomi.
Comme j'ai déjà expliqué la petite cocotte a un peu de difficultés avec le concept de maladie et c'est normal à son âge.

Par contre, ce matin, la minie puce se lève, après avoir entendu son frère hurler, pleurer de douleur et de fièvre.

Elle se lève en disant qu'elle a mal au ventre, ici et là. Ce qui semble plus une représentation du mal de son frère et non son mal à elle.

Je retourne à mes occupations quand je l'entends qui semble vouloir vomir (comme j'ai déjà expliqué ici). Je vais voir ce qui se passe et papa me dit qu'elle "veut" vomir et elle est devant la toilette à se forcer.

Je suis sûre et certaine que la minie puce n'est pas malade, je fais plutôt face à son problème de compréhension. Son frère est malade mais pas elle.

Elle s'installe avec des buckets et continue de vouloir se faire vomir.

On reprend la magnadoodle.

"Ça c'est Tommy" (bonhomme avec une bouche croche qui a l'air malade). Tommy est malade.
"Ça c'est moi" (bonhomme sourire). Moi je ne suis pas malade.
"Ça c'est papa"(bonhomme sourire). Papa n'est pas malade.
"Ça c'est toi"(bonhomme sourire). Tu n'es pas malade toi non plus.

"Qui est malade?" C'est Tommy.

"Est-ce que tu as besoin de vomir et besoin de buckets?"  Non

"Tu peux aller les donner à papa et lui dire que tu es correct."


Pourtant, la minie cocotte comprend très bien le verbal, elle parle comme vous et moi. Mais le support visuel ajouté à l'explication a un tout autre effet. On passe d'une enfant en crise qui ne comprend peut-être pas autant qu'on pense?? (ça on a énormément de difficultés à savoir, même les intervenants n'arrivent pas à vraiment cerner le degré réel de compréhension de la cocotte versus des réactions plus de caprices/oppositions etc..) À une enfant qui s'apaise et écoute les explications calmement et y réagit super bien.

jeudi 10 février 2011

C'est de notre faute

SI vous saviez le temps que ça fait que je veux écrire ce texte mais comme tous les textes ici depuis deux ans, je marche sur le coup de l'inspiration et du "flash soudain".

Je l'ai eu. ENFIN!

L'idée de base du texte était assez simple, mais coudonc quand je ne trouve pas les je dois laisser parfois tomber.

Il y a longtemps que j'ai pensé à ce texte, qui vient de l'idée qu'en tant que parents on se fait régulièrement "accusé". 

L'enfant fait une crise au magasin. C'est notre faute.
L'enfant ne fait pas ses nuits. C'est évident qu'on manque tout simplement de discipline.

J'imagine que je n'ai pas besoin de vous donner plus d'exemples, vous trouverez bien les vôtres selon votre propre expérience.

Quand j'ai eu l'inspiration pour ce texte je me disais et si on répondais à ces accusations?

Ah oui vous avez raison, je porte le blame de plusieurs fautes alors :

C'est de notre faute si notre enfant est toujours souriant.
C'est de notre faute si notre enfant est attentif aux autres...

Encore là je vous laisse penser à tous les points positifs, les bons coups de vos enfants et toutes leur qualité.

Et si on se blâmait un peu pour ça à la place.

Misère... c'est ma faute, mon enfant est un vrai clown qui rit tout le temps. 

J'imagine seulement le visage des accusateurs devant ce genre d'affirmation. Coudonc, si on porte le blâme de tous les défauts de nos enfants, on peut bien prendre les qualités aussi!!!

Bon, ça semble assez simple comme explication pourquoi alors ai-je pris plusieurs mois avant de réussir à l'écrire?

Il manquait quelque chose et j'ai eu ce flash aujourd'hui!

J'avais une discussion sur nos petits enfants TED "légers", les cas subtils, ceux qui parfois à l'époque, ne recevaient aucun diagnostic et cheminaient malgré tout bien dans la vie. Ceux qui obtiennent des diagnostics tardifs.

On qualifie certains handicaps de "handicaps invisibles". On ne les voit pas physiquement et l'enfant parait tout à fait normal.

Et j'ai compris!  C'EST NOTRE FAUTE!!!!!!!

Oui oui, vous avez bien lu!  On maudit ce handicap invisible régulièrement. Quand on aimerait se confier, expliquer ce qu'on vit avec nos enfants mais qu'on se fait couper la parole avec des "ça parait pas", "ya rien là", "ça pas l'air si pire que ça", "il a l'air tout à fait normal".

Heille la gang!!! Parents d'enfants atteint d'un handicap invisible. C'EST VOTRE FAUTE!

Oui! Oui!  C'est notre faute si le handicap est invisible. C'est notre faute parce que c'est tout le travail qu'on fait avec nos enfants qui rend le handicap encore moins visible qu'il ne l'était.

Ce sont toutes les batailles livrées, tous les défis du quotidien qu'on a traversé (et ceux à venir). Ce sont les thérapies, la stimulation, l'amour, la compréhension...  C'est le temps passé à enseigner ce qui ne s'enseigne habituellement pas.

Toutes les fois que vous entendrez les "ça ne parait pas, il a l'air tout à fait normal", pensez à ça, je vous jette le blâme sans hésiter aujourd'hui en vous disant C'EST VOTRE FAUTE. Prenez-le et souriez la prochaine fois qu'on vous passera un commentaire blessant ou désobligeant sur l'invisibilité du handicap de votre enfant.


(vous comprendrez que le "votre faute" doit être traduit par "grâce à vous")

Nous sommes les spécialistes de nos enfants

Je l'écris aujourd'hui parce que c'est un constat que je peux enfin officiellement faire.

Je l'écris aussi pour tous ces parents qui sont peut-être dans cette phase où soudainement, on a l'impression qu'on doit retourner sur les bancs d'école pour apprendre comment élever notre enfant TED.

Je me souviens très bien de ce sentiment, cette étape assez difficile à traverser lorsqu'on commence des démarches de diagnostic pour un trouble envahissant du développement.

C'est quelque chose d'accepter qu'on ne voit pas le monde de la même manière que notre enfant. Qu'on croyait avoir l'éducation nécessaire pour élever notre enfant et l'aider à se développement "normalement".

Au moment des démarches je me suis sentie impuissante. Je n'avais pas ce qu'il "fallait" pour pouvoir aider mon enfant. Ça prenait des spécialistes formés à l'UNIVERSITÉ pour nous expliquer comment faire.

À ce moment précis c'est facile de se remettre en question.

Je le laisse s'autostimuler. Est-ce que c'est correct? Certains disent que oui, d'autres disent que ça va l'empêcher de se développer et que ça l'enferme dans son monde.

Il faudrait que je contacte une orthophoniste, une ergothérapeute, un psychologue. Je suis clairement une mauvaise mère qui ne veut pas que son enfant évolue si je ne fais pas ces choses là. Ce sont EUX les SPÉCIALISTES.

On me parle de mettre en place des pictogrammes. Heuuuuu picto quoi? On parle de désensibilisation, de trouble de modulation sensorielle. Vite google!!!

La culpabilité monte, c'est évident, on dirait que tout le monde me parle chinois, je n'ai clairement pas ce qu'il faut pour m'occuper adéquatement de mon enfant!

Les spécialistes arrivent, les rencontres, on nous bombarde de différents conseils et soudainement notre instinct parental prend le bord? EUX ils savent de quoi ils parlent!

La psychologue me dit que je ne dois pas ....   L'orthophoniste me dit que je dois faire.... L'ergothérapeute me dit qu'il perçoit comme ça....

Et moi là-dedans? Et lui là-dedans?

Un enfant TED non-verbal c'est jouer à la devinette. Il ne peut pas nous dire ses sentiments, le pourquoi de ses comportements difficiles ou des crises. Il ne peut même pas nous dire pourquoi il rit.

Un enfant TED verbal, c'est réussir à démêler tous les comportements, démêler ce que l'enfant comprend réellement et ce qu'il ne comprend pas. C'est devoir analyser chaque crise et ne pas se faire prendre entre "caprice" et incompréhension. C'est devoir supporter les spécialistes "qui connaissent tout" et l'entourage "qui sait tout".

Avec le TED arrive une tonne de spécialistes et de conseils et au début, on fini par penser que vraiment, nous, on l'a pas l'affaire.

Cette phase dure un certain temps qui est variable d'un parent à l'autre. Cela peut être plusieurs jours/semaines, d'autres ce sera plusieurs mois.


Je peux officiellement vous le dire aujourd'hui. Après plus d'un an de service. Après plus de 2 ans de rencontre avec divers spécialistes (lire : un peu trop à mon goût!). Après plusieurs hypothèses et de "faites comme-ci ou faites comme-ça".

Je peux vous dire que NOUS, les parents, nous étions, nous sommes et nous serons TOUJOURS les spécialistes de nos enfants.

Les spécialistes peuvent arriver avec une tonne de conseils, d'hypothèses, de solutions diverses supposément adaptées à "notre" enfant, mais ils n'auront jamais notre vécu, ils ne connaitront jamais NOTRE enfant.

Les spécialistes appliquent des théories apprises dans les livres. Ils généralisent. L'enfant TED marche croche parce que... L'enfant TED fait une crise dans cette circonstance parce que...

Et NOTRE enfant lui? Parce que NOTRE enfant n'a pas été conçu dans un livre. Bien sûr qu'il y a des similitudes dans les comportements. Comme les enfants NT, certaines phases de développement sont semblables, arrivent à peu près à telle âge pour telle raison, mais comme tous les enfants, certains d'entre eux sortent des livres et ne seront pas "by the book".

Parfois j'ai l'impression que c'est un oubli dans le monde TED, comme si on oubliait que nos enfants peuvent oui, correspondre aux livres et être by the book, et parfois non. L'enfant TED aussi est unique et c'est là que nous, les parents, on entre en jeu et qu'on fini par comprendre que malgré notre manque d'étude en la matière, on restera le spécialiste de notre enfant.

Les spécialistes peuvent bien arriver avec leurs conseils, leurs théories sorties des livres, mais je sais aujourd'hui que c'est moi qui a le dernier mot, et que finalement, je ne suis pas si nulle et impuissante que ça!

Parce que les bouquins, les bancs d'Université, ne nous remplaceront jamais.

mercredi 9 février 2011

Tommy se présente - 2011

À la fin 2008, Tommy se présentait à vous. Il annonçait qu'il n'était pas comme les autres et vous apprenait un peu plus sur lui et sur comment avoir du plaisir ensemble.

En ce début d'année, nous faisons une demande de subvention afin de payer des services très coûteux au privé pour fiston. Je trouvais donc intéressant que Tommy se présente à vous, 2 ans plus tard. Cette présentation sera transmise à la fondation pour la demande de subvention.



Bonjour,



Je m’appelle Tommy. J’ai 4 ans et demi.


En septembre de cette année je commencerai l’école. J’aimerais bien vous dire que j’ai hâte, mais je suis un enfant « pas comme les autres » et je ne sais même pas ce qui m’attends dans les mois à venir.


Je suis autiste.


Lorsque mes parents ont appris mon diagnostic j’avais un peu plus de 2 ans. Je ne parlais pas, je n’avais aucune réaction à leur absence pas plus qu’à leur arrivée. Je passais la plus grosse partie de mes journées à tourner autour des objets, faire tourner les objets sur eux-mêmes ou aligner des choses. Mon contact visuel était à peu près absent, mon alimentation très limitée et je ne comprenais aucunes consignes simples.


Malgré tout, mes parents connaissaient bien mes plaisirs et réussissaient à jouer avec moi, à ma façon. Je suis un enfant rieur et toujours souriant. J’adore jouer aux coucous, me faire chatouiller, sauter. Mes parents savent aussi que j’ai mes intérêts bien à moi, surtout les chiffres et les lettres.


Depuis septembre 2009 je reçois des services d’éducation spécialisée du centre de réadaptation en déficience intellectuel. Mes parents avaient bien hâte d’avoir de l’aide pour soulager un peu leur quotidien et m’aider à me développer. Bien entendu, ils savaient que le service offert par le centre a parfois ses limites mais ils avaient beaucoup d’espoir.


Avec mes éducatrices j’ai appris plusieurs choses. Je peux maintenant comprendre des consignes simples si je suis dans un environnement sans stimuli extérieur. Je fonctionne avec des horaires en images pour être plus autonome dans la vie de tous les jours. Les éducatrices m’ont appris à boire au verre, m’habiller, à comprendre que je peux faire pipi à la toilette, à dire bonjour à l’arrivée d’une personne, à comprendre des consignes, faire des jeux de société simples comme le jeu de mémoire.


Je suis un enfant un peu particulier. Je suis autiste, je suis très envahi dans mon quotidien et je passe mes journées à faire ce qu’on appelle de « l’autostimulation ». En sortie je regarde les fans au plafond, je passe une partie de ma journée à tourner autour des choses, table, voitures dehors. Je peux me promener les mains devant le visage et passer des heures à faire le tour de la maison. Je me comporte aussi encore comme un petit enfant, quand j’ai fini un repas je jette les graines une après l’autre sur le plancher. Je lance les objets derrière le divan, dans l’escalier. Dehors l’été je peux prendre plaisir à regarder le sable glisser entre mes doigts et je pourrais y passer la journée sans me tanner.


Pourtant, je connais plein de choses. À 2 ans je savais mon alphabet en anglais et français. Je savais compter jusqu’à 10. Lorsque les éducatrices ont commencés à travailler avec moi elles étaient impressionnés de toutes mes connaissances. Je connaissais déjà les animaux, couleurs, formes. Je connais aussi plusieurs objets de mon environnement. On avait beaucoup d’espoir pour développer mon langage puisque j’ai aussi un intérêt à chanter, j’apprends une chanson par cœur rapidement, et je fais aussi beaucoup d’écholalie.


Il y a maintenant plus d’un an que je reçois les services d’ICI du public et les intervenants dans mon dossier ne savent plus trop où donner de la tête sur certaines de mes difficultés. J’ai un superbe potentiel, des connaissances incroyables, mais je suis « pris » à quelque part et on n’arrive pas à trouver LA porte de sortie.


Par exemple, on a essayé de me montrer à manger des nouvelles choses. J’ai accepté le travail sous forme de jeu qu’on m’a proposé, mais je ne comprends pas le but, je ne sais pas que vous voulez que je mange de nouveaux aliments. Mon éducatrice était bien fière de m’avoir fait manger des pommes, j’avais même l’air d’aimer ça, mais pour moi ça reste un « travail », une obligation, ma tête n’arrive pas à faire l’association que la pomme peut être un aliment que je mange pour le plaisir quand j’ai faim. La faim et la soif ne sont pas très concrètes pour moi. Si j’ai soif je demanderai « je veux boire du lait », je ne sais pas vraiment que je peux choisir par simple plaisir.


Présentement j’essaie d’apprendre à parler. Ce n’est pas facile, je connais plusieurs mots, plusieurs verbes mais je n’arrive pas à former des phrases par moi-même. J’apprends par cœur des phrases essentielles dans mon quotidien. C’est difficile pour moi, dans la journée j’aimerais demander plusieurs choses à maman mais je n’y arrive pas et ça me fait de la peine.


Ma compréhension des consignes simples est maintenant bonne. Par contre si je suis dans un environnement stimulant vous pouvez m’oublier. Je ne réussirai pas à exécuter une simple consigne comme « vient t’asseoir » sans avoir un support visuel ou une personne qui me dirige. Le simple bruit d’une sécheuse peut m’empêcher de me concentrer, et je deviens complètement non-disponible lorsque j’ai un petit rhume, même si ce n’est qu’un nez qui coule.


Les sorties en public sont très dangereuses pour moi, je m’éloigne parce que je suis distrait par mon environnement, je ne sais pas que je dois regarder en avant quand je marche et je me blesse parfois si mes parents n’ont pas été assez attentifs. Quand on sort ils doivent être ma tête et mes yeux. Dans les endroits publics je sors avec un harnais. Je ne suis pas conscient du danger. Mes parents se sont aussi procurés des alarmes permettant de m’entendre si je m’éloigne hors de leur vue. Ma maman dit de moi que je suis comme un fantôme. Je disparais sans crier gare et comme je ne réponds pas à mon nom, vous ne me retrouverez pas si facilement. Même la personne la plus vigilante pourrait me perdre de vue, comme cette été lorsque j'ai disparu plus d'une quinzaine de minutes dans un endroit qui aurait pu m'être fatal. Heureusement on m'a retrouvé sain et sauf et mes parents feront encore plus attention.


Mon cerveau ne fait pas les associations comme vous le faites naturellement. Je peux me retrouver dehors, marchant dans les roches sans souliers. Je ne peux pas associer que je pourrais mettre des souliers pour que ce soit plus confortable. Si j’ai froid je ne peux pas demander qu’on me réchauffe, je pourrais avoir les mains complètement glacées et je ne pourrais que pleurer pour signaler mon inconfort. Entrer dans un restaurant ne m’indique pas qu’on y est pour manger.


Mes parents et moi on aime beaucoup mes éducatrices. Je m’amuse beaucoup avec elles, par contre elles termineront bientôt leur mandat avec moi. En effet, dès l’âge scolaire, mes parents et moi sommes laissés à nous-mêmes, pourtant j’ai encore énormément à apprendre si je veux un jour être un peu plus autonome et avoir une vie plus facile. J’ai beau être un petit garçon heureux et souriant, c’est difficile traverser les journées sans savoir vraiment ce qu’on attend de moi, sans comprendre ce qui se passe autour et quel est mon rôle. Parfois une simple sortie en voiture me fait pleurer si on passe à côté d’un endroit que je connais, puisque je ne sais pas vraiment où on m’amène. Ça me fait beaucoup de peine.


C’est ainsi que ma maman a pris la décision de faire des démarches au privé pour moi. Elle a trouvé, par référence, une éducatrice spécialisée qui a été formé par une autiste de haut-niveau, une personne qui comprend comment ça se passe dans ma tête. Mes parents veulent me donner toutes les chances possibles de pouvoir me développer et ils croient que c’est le temps idéal, pendant que j’ai encore mes éducatrices à la maison, pour mettre en place le service qui prendra leur relève à la fin de leur mandat.


J’aimerais bien, dans un an, pouvoir vous réécrire, et vous raconter tous les progrès qu’on a espoir que j’accomplisse avec cette aide supplémentaire.

Avoir un enfant autiste c'est...(25)

Avoir un enfant autiste c'est...

Un beau matin, alors qu'il se prépare comme à toutes les semaines pour le départ à la garderie, fiston pleure et pleure encore.

Je suis dans ma chambre et je vais voir ce qui se passe.

Papa me dit que Tommy pleure dès qu'il lui met le chapeau, non... pleure. On enlève le chapeau, il ne pleure plus.

Avoir un enfant autiste c'est ce genre d'événements qui se produit dans le quotidien. Ceux pour lesquels nous n'avons aucune explication, qui arrivent du jour au lendemain et repartent parfois comme ils sont arrivés.

Finalement un peu de modelage "verbal" à défaut d'avoir le visuel, a permis de mettre le fameux chapeau et éviter une seconde crise mais on ne saura pas plus le pourquoi de celle-ci.

lundi 7 février 2011

Avoir un enfant autiste c'est...(24)

Avoir un enfant autiste c'est la moindre petite chose qui peut entrainer une chaine de conséquences.

Par exemple, si fiston mange du macaroni au fromage et qu'il échappe une nouille par terre, il est possible si il n'a plus faim à la fin du repas, qu'il laisse tomber une nouille à la fois sur le plancher, jusqu'à ce que le plat soit vide (ou qu'on intervienne si on l'a vu faire).

C'est une galette pour le déjeuner le matin qui a eu le malheur de perdre un petit morceau, pour finir égrainé (désolé il y a peut-être une faute dans le mot je ne vérifie pas ce matin) en entier sur la table. Partout sauf dans l'estomac de fiston.

Ce sont les graines du pâté à la viande qui finissent elles aussi par terre, une après l'autre, jusqu'à ce que l,assiette soit vide, ou qu'on lui enlève.

Blogger template 'Colorfull' by Ourblogtemplates.com 2008