mercredi 23 novembre 2016

Une journée, j'ai cessé d'écrire

Il y a déjà plus d'un an que j'ai écrit ici. Tellement longtemps que c'est difficile de coucher des mots sur cette page blanche sans vraiment trop savoir par où commencer.

Une journée, j'ai cessé d'écrire. Après avoir complété plus d'une centaine de pages d'écrits toujours non partagés à ce jour. La journée où j'ai cessé d'écrire, c'est la même où j'aurais aimé faire le point, mais où je ne m'en sentais pas apte. J'ai dû prendre du recul de l'Internet, des gens du "milieu de l'autisme" autour de moi, suite à une extrême écoeurite aigue de comment les médias sociaux, peuvent autant aider que détruire. Dans mon cas, les deux années qui ont précédé la journée où j'ai cessé d'écrire étaient plus des années de destruction.

Une journée, on doit aussi se questionner sur la raison pour laquelle on écrit.  Moi, je l'avais fait parce qu'il n'y avait pas de témoignages concernant l'autisme lorsque nous sommes tombés dans cet étrange monde, et je voulais tant me reconnaître à travers les autres. Cependant, à défaut de trouver des témoignages, j'ai choisi de laisser le mien, pour ceux qui passeraient après moi.

Cependant, les médias sociaux ont évolué, grandement... en beauté pour commencer, et négativement par la suite. Ça commence par des regroupements sur l'autisme, des petites communautés qui partagent leur vécu, et comme dans tout, un jour, ça devient gros, et les opinions divergent et les couteaux commencent à voler bas! Très bas! Encore là, on peut laisser tomber, choisir nos regroupements, mais quand ça vient au point où certaines personnes qui ne sont pas d'accord avec ton opinion commencent à vouloir atteindre ta réputation, là, c'est un bas fond duquel il est difficile de remonter. Mais encore, on essaie de passer à travers, de laisser parler, jusqu'à ce qu'un jour, le vase commence à déborder, pis ça fini par éclater. C'est la journée où j'ai cessé d'écrire.

La journée où, après avoir été témoin durant des mois (voir année) de salissage de réputation, de guerres ridicules entre les différentes façons de penser, de voir le manque de respect entre les parents et les autistes, de lire encore et encore des messages de fin du monde et d'autres de "la vie est si belle avec un autiste", de voir les "profiteurs" de la "mode de l'autisme" apparaître un peu partout, de remarquer comment soudainement, on ne sait plus avoir de tact, et qu'on peut défaire la réputation d'une personne, d'un milieu de vie, d'une école, parce qu'une journée quelque chose n'a pas fait notre affaire, sans penser à quel point les dommages peuvent être graves, c'est cette journée que j'en ai eu ma claque.

J'ai tout quitté, les groupes sur l'autisme, j'ai cessé de lire les médias à ce sujet et je n'ai pratiquement pas échangé avec mes connaissances depuis ce temps. Un long et très long rétablissement était nécessaire. Mais, je ne reviendrai pas. Pas comme avant. Ce n'est plus nécessaire, car l'époque où l'information n'était pas disponible n'est plus, et c'est même devenu une époque de "trop". Personnellement, je n'ai pas envie de faire partie de ce "trop". Celui où tout le monde veut un peu d'attention, et faire valoir leur opinion, souvent aux dépends des autres. À force de tirer la couverte chacun de leur bord, ben, la couverte elle a fini en mille morceaux.

Même après plus d'un an de recul, c'est encore comme ça que je me sens. C'est ainsi, que j'ai aussi dû réfléchir, à ma famille, à mes enfants, car, bien qu'ils étaient petits lorsque cette page a été créée, ils ont maintenant 12 ans, 10 ans, 9 ans et 5 ans et demi.

Maintenant, je crois que je vais écrire, parfois... lorsque le temps sera en ma faveur, car, malgré que les quatre enfants soient maintenant tous à l'école, mon temps manque bien plus qu'avant...  Car, entre les tâches ménagères, les journées de congé et de petites maladies, les devoirs d'école et tout ce qui entoure la vie "normale" avec les enfants, les extras prennent encore bien de la place. À surveiller que Tommy ne prenne pas un choc électrique en essayant de dévisser des plaques de courant, ou à installer des nouvelles lumières... ou qu'il n'inonde pas la maison en jouant dans les lavabos ou après les toilettes, à gérer ses besoins incompréhensibles de destruction où il a fait volé le IPAD en éclats cet été ou qu'il déchire, aussitôt qu'on a le dos tourné, ses livres tags, revues et autres... que, même 8 ans plus tard, on doit être toujours aux aguets d'une façon épuisante avec lui à la maison, parce qu'on ne sait jamais ce qui lui passera par la tête. Et à travers tout ça, essayer de garder l'esprit le plus sain possible pour les trois autres enfants, qui, disons-le, ne laissent par leur place eux non plus, à travers les crises, l'incompréhension, les rendez-vous passés et à prévoir en orthophonie, psychologie etc...  Parce que... du moins, de mon point de vue pour le moment : Non, l'autisme, ça ne disparaît pas en vieillissant. En tout cas, chez nous, il est encore bien là, pis, par moment, il prend ben ben de la place!

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