vendredi 29 septembre 2017

L'oeuvre du temps

Le temps fait bien les choses.

C'est la première expression qui me passe par l'esprit au moment de prendre le temps (tant qu'à y être!) d'écrire. J'ai bien dit prendre le temps, ou plutôt peut-être le voler... car au moment d'essayer (oui!) d'écrire ces lignes, on me réclame encore..

Pour faire un résumé clair et net de mes sentiments actuels face au temps qui avance (et qui ne fait peut-être pas si bien les choses), je me sens toujours la pire mère du monde et je suis parfois inquiète...

Je crois qu'avec l'autisme, on se sent toujours un peu poche, peu importe combien de temps cela fait qu'on est dedans... et même, j'en viens à mon idée... que le temps, dans notre cas, n'oeuvre peut-être pas tant à notre avantage. Je me souviens encore de mon positivisme de l'époque... et ce n'est pas une question de décourager les lecteurs, les nouveaux parents ou autre... mais, un jour ou l'autre, on se rend compte que le temps passe. Évidemment, c'est différent d'une famille à l'autre, d'un enfant à l'autre, mais chez nous, je trouve que le temps fait des ravages et on se demande combien de temps on pourra y survivre.

Est-ce que ça fait mal à lire? Peut-être, je ne sais pas vraiment puisque je suis celle qui l'écrit. Cependant, depuis un peu plus d'un an, quand je parle des enfants et comment ça se passe, il me vient toujours les larmes aux yeux (et ce, même en écrivant ces quelques lignes). C'est à ce point que le temps, j'ai l'impression qu'il a abusé de nous un peu trop...

Si on revient en arrière de plusieurs années, on était peut-être encore un peu en forme, et avec encore de l'énergie à revendre pour gravir la montagne de l'autisme. Peut-être n'avions nous pas encore réalisé que la montagne n'a pas de fin. On est rendu à quelques parts dans les nuages et on ne voit toujours pas le sommet... pis en chemin, il nous tombe plein de roches par la tête! Évidemment, la montagne est différente pour chaque famille.

Chez nous, la montagne est assez raide à gravir, et le temps a fait son oeuvre, qui fait que l'énergie, la patience du début n'y est plus, mais aussi qu'élever un autiste "classique", ça nous garde encore un peu en prison. C'est malheureux, mais la seule façon dont un jour on sera un peu plus libre, ce sera lorsque nous envisagerons le placement, nous en sommes conscients et nous espérons seulement que ce ne soit pas dans des jours rapprochés et nous souhaitons faire le plus long chemin que nous pourrons avec notre fils. Notre Tommy a maintenant 11 ans. Il est grand, il est fort, il s'oppose, il n'écoute pas toujours, il a trop d'idées qui lui passe par la tête et on fini par ne plus savoir où donner de la notre.

Tommy ne change pas vraiment. C'est un enfant qui ne sait pas quoi faire de ses dix doigts si on l'empêche de faire ce qui l'intéresse, et ce qui l'intéresse est plus probable d'être dangereux ou d'impliquer des bris dans la maison. Quand je parle de prison, c'est de celle-là que je parle. Alors, je dois gérer une crise d'un côté avec la petite grande qui aura bientôt 10 ans, en même temps qu'un petit bout de 6 ans qui risque de venir mettre de l'huile sur le feu en même temps que Tommy s'est peut-être sauvé au sous-sol avec un tournevis pour dévisser un luminaire, une prise de courant ou autre.. Et s'il n'a pas de tournevis, il peut quand même décider de déplacer le congélateur pour je ne sais qu'elle raison ou juste toucher à plusieurs choses qui ne le regarde pas... J'aimerais faire un résumé simple, malheureusement c'est trop compliqué. À la fin de l'année scolaire dernière, les enfants me demandaient souvent de pouvoir jouer au parc. Cependant, le grand Tommy lui ne joue pas dans le parc et préfère plutôt se sauver pour regarder toutes les piscines qui longent la très longue clôture du parc et de la cour d'école entière et il court vite. Donc, après 5 minutes, on a un Tommy triste qui "s'emmerde" vraiment... car on doit le garder assis sinon on doit courir après lui... Et 5 minutes plus tard on a des enfants tristes, parce que mon mental n'est juste plus capable d'en prendre et que j'ai juste hâte de revenir à la maison, pour finalement virer tout aussi "dingue" à me demander aux 30 secondes quels mauvais coups il fait encore alors que c'est l'heure d'essayer de préparer le souper.

Le temps n'a pas beaucoup changer les choses dans notre foyer, mais sur notre état psychologique et émotionnel, le temps est dur. Car, on ne se le cachera pas qu'on ne rajeunira pas.... et que plus le temps passera, plus ce sera exigeant, et plus la fatigue des années derrières nous se fera sentir et plus j'ai l'impression que je perds tranquillement la petite flamme de joie, de paix... pour avoir l'impression d'être toujours fatiguée, stressée, impatiente et en colère.... Car, je vais arrêter le tout ici pour ce soir, mais Tommy a encore 1 frère et 2 soeurs qui ne laissent pas leur place eux non plus entre le petit de 6 ans qui s'oppose constamment, la petite grande de 10 ans qui passe toujours autant de temps à paniquer ou pleurer... et la grande de bientôt 13 ans qui vit juste son début d'adolescence avec un air bête qui est digne d'un ado! (quoique le secondaire nous a énormément aidé de ce côté, j'essaierai d'y revenir prochainement, on commence enfin à respirer!! Je n'ai que du positif pour le moment de ce côté!)

 Probablement que je me répète, que c'est la même chanson à chaque fois que j'écris, mais, c'est aussi ça notre réalité avec l'autisme, pour nous ce n'est pas une accumulation de nouveaux progrès ou de succès... Il progresse bien entendu, mais les défis sont extrêmement présents...

1 commentaires:

Anonyme

Courage :) merci pour votre blog, trés intéressant pour voir les différents visages de l'autisme, en particulier l'autisme "invisible".

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