dimanche 13 février 2011

Le pouvoir du dessin

Je vais faire un aveu. Il y a longtemps qu'on m'explique et que je SAIS qu'on doit utiliser le visuel pour l'enfant TED (et sûrement plusieurs autres enfants pour plusieurs raisons aussi!). Que ça lui permet de mieux comprendre et intégrer les apprentissages, routines...

Malgré moi on dirait que je n'y arrive pas totalement.

Ok oui Tommy a des pictogrammes, on avait installé un horaire au début avant les services du CRDI, à la garderie il a sa structure visuelle, habillage, brosser les dents, laver les mains etc...

L'éducatrice, et amis, me recommandent souvent d'utiliser, si je suis mal prise, un papier et un crayon et dessiner les explications.

Fait à noter. Je suis POURRIE, litérallement, en dessin. Je ne suis pas très visuelle de nature donc même si on me demande de dessiner quelque chose de simple comme un chat, croyez-le ou non, j'ai de la difficulté!

Donc, on me recommande souvent de le faire si nécessaire, et souvent je me décourage un peu parce que je me dis que si je n'arrive pas à dessiner quelque chose de clair(je ne parle pas de perfection là mais comment dessiner une idée X et que ça soit facile à comprendre), comment fiston pourra-t-il mieux comprendre?

De l'autre coté, à quoi ça me sert de dessiner pour des fillettes qui sont tout à fait verbales et semblent très bien comprendre les explications par la parole?

Je vous écris tout ça, parce que oui je connais l'utilité du visuel, mais de l'autre coté j'arrive difficilement à me dompter et le faire.



Vendredi dernier, la petite cocotte avait une grosse peine. Nous sommes à 10 minutes de son heure du dodo et elle se sort une pomme du frigidaire. Elle essaie tant bien que mal de croquer la pomme, mais elle n'y arrive pas (vous savez quand la pelure est trop épaisse là et que les dents ne font que glisser!). Elle va donc voir son papa pour enlever la pelure, et celui-ci lui répond que non, il est trop tard, elle aura sa pomme demain.

Parents de n'importe quel enfant, vous comprenez sans doute la réaction que la minie puce a eu. Les larmes... de grosses larmes qui perlent sur ses jouent.

Je propose donc, en bon coeur de vendredi soir, et pensant à ma cocotte appétit d'oiseau, de lui donner un petit morceau et le reste de la pomme le lendemain.

Je demande donc à la minie de venir me voir, on va parler! 

Je commence donc

"il est tard tu pourrais avoir un petit morceau......."

Impossible de poursuivre ma phrase. Au mot morceau, la minie hurle de plus bel.

Je suis certaine que la scène vous rappelle bien des souvenirs!

Pour moi, par contre, il est important de dédramatiser le tout avec une cocotte qui a une tendance à voir toute la vie comme un drame! Comment lui expliquer pour qu'elle comprenne? Parce qu'en dehors du caprice de vouloir sa pomme au complet, je ne suis pas certaine que la puce comprend vraiment ce que je tente de lui expliquer, soit qu'elle aura un morceau aujourd'hui et la pomme au complet demain.

Et je pense, au diable mes talents de dessinatrice, j'ai la chance que la minie cocotte comprenne les explications donc même si je dessine tout croche je peux au moins lui expliquer ce que le dessin représente.

Saute sur le magnadoodle.

"Regarde"
"Ici c'est la pomme au complet" (un dessin de pomme)
"Là c'est la nuit" (une lune)
"Là c'est le jour" (un soleil)

"Quand c'est la nuit, tu peux avoir un morceau seulement"
"Quand c'est le jour, tu peux avoir ta pomme au complet sans la pelure".

"Là regarde dehors, c'est la nuit, donc qu'est-ce que tu peux avoir?"

Réponse de la cocotte : "Un morceau".
Je lui ai donné le tableau et lui ai offert d'aller le montrer à son papa pour lui expliquer qu'elle voulait son morceau de pomme, parce que c'est le jour seulement qu'elle peut avoir sa pomme au complet.

J'ai retrouvé une petite cocotte souriante, qui a compris ce que j'essayais de lui expliquer.


Hier Tommy a commencé à être malade et il a vomi.
Comme j'ai déjà expliqué la petite cocotte a un peu de difficultés avec le concept de maladie et c'est normal à son âge.

Par contre, ce matin, la minie puce se lève, après avoir entendu son frère hurler, pleurer de douleur et de fièvre.

Elle se lève en disant qu'elle a mal au ventre, ici et là. Ce qui semble plus une représentation du mal de son frère et non son mal à elle.

Je retourne à mes occupations quand je l'entends qui semble vouloir vomir (comme j'ai déjà expliqué ici). Je vais voir ce qui se passe et papa me dit qu'elle "veut" vomir et elle est devant la toilette à se forcer.

Je suis sûre et certaine que la minie puce n'est pas malade, je fais plutôt face à son problème de compréhension. Son frère est malade mais pas elle.

Elle s'installe avec des buckets et continue de vouloir se faire vomir.

On reprend la magnadoodle.

"Ça c'est Tommy" (bonhomme avec une bouche croche qui a l'air malade). Tommy est malade.
"Ça c'est moi" (bonhomme sourire). Moi je ne suis pas malade.
"Ça c'est papa"(bonhomme sourire). Papa n'est pas malade.
"Ça c'est toi"(bonhomme sourire). Tu n'es pas malade toi non plus.

"Qui est malade?" C'est Tommy.

"Est-ce que tu as besoin de vomir et besoin de buckets?"  Non

"Tu peux aller les donner à papa et lui dire que tu es correct."


Pourtant, la minie cocotte comprend très bien le verbal, elle parle comme vous et moi. Mais le support visuel ajouté à l'explication a un tout autre effet. On passe d'une enfant en crise qui ne comprend peut-être pas autant qu'on pense?? (ça on a énormément de difficultés à savoir, même les intervenants n'arrivent pas à vraiment cerner le degré réel de compréhension de la cocotte versus des réactions plus de caprices/oppositions etc..) À une enfant qui s'apaise et écoute les explications calmement et y réagit super bien.

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