lundi 11 janvier 2010

Imagination, faire semblant, imitation et le TED

Je fouille sur le sujet depuis un certains temps.  Plus je fouille plus je trouve de l'information intéressante, et plus on démêle tranquillement les termes.


Imagination :

Capacité à inventer, créer des choses.
Capacité à reproduire dans son esprit des choses que l'on a déjà vues ou perçues

Créativité :

Capacité à créer, à imaginer, à innover.

Imiter :

Tenter de reproduire ou reproduire les manières de quelqu'un le plus fidèlement possible.


Faire semblant  :

Jouer à faire semblant de  se mettre dans la peau d'une autre personne (faire semblant d'être la maman avec une poupée), c'est faire semblant de cuisiner un repas...  Dans le faire semblant, les enfants imitent ce qu'ils voient dans la vie de tous les jours... et y ajoutent par la suite leurs propres idées par la créativité, l'imagination.


Lorsque nous lisons sur le TED, bien entendu tous les clichés ressortent.  Les critères diagnostic et les exemples qu'on nous donne proviennent généralement des "bons vieux cas d'autisme classique".

Aujourd'hui nous savons que le spectre autistique est beaucoup plus large que seulement l'autisme de Kanner(classique).


Lorsque les parents consultent un professionnel pour leur enfant, le professionnel regarde certaine chose comme le contact visuel, les intérêts de l'enfant et la capacité à faire semblant.  Si l'enfant fait semblant, plusieurs professionnels de première ligne s'exclâmeront "tout est beau". 

Les parents consulteront peut-être une orthophoniste si l'enfant a un retard de langage, ou continueront un certain temps de se culpabiliser sur les comportements de leur enfant alors que le professionnel consulté a bien dit que "tout est beau".

Pour une raison X, certains en viendront à l'hypothèse TED. Par des lectures, par une personne de leur entourage, par l'orthophoniste.  Ils fouilleront sur le sujet et liront probablement que l'enfant TED n'a pas vraiment d'imagination, qu'il ne sait pas faire semblant. Ils donneront alors comme exemple l'enfant qui n'arrive pas à faire semblant qu'une banane en plastique est un téléphone.  Pour s'ajouter à ça, on dira que l'enfant n'imite pas vraiment.

Et les doutes s'installent !  Les professionnels eux même s'y perdent. 

Mon enfant a des caractéristiques TED, MAIS il est capable de faire semblant. Vous l'aurez peut-être vu faire semblant de parler au téléphone... avec une manette de télévision !  Mon enfant est capable de m'imiter lorsque je danse, ou lorsque je fais le son du cheval !

Comment alors démêler tout ça ?


Je fouille sur le sujet parce que chez moi, j'ai trois modèles un peu particuliers d'enfants "spéciaux".

Mon modèle numéro 1, autiste sévère, n'a jamais vraiment jouer normalement.  Il préfère faire tourner les roues des voitures, mais lorsqu'on lui montre à jouer au garage il arrive à nous imiter et reproduire ce qu'on lui montre.  Il imite aussi ses vidéos de danse à la télévision !

Mon modèle numéro 2, TED non spécifié, jouait à promener une poupée dans la poussette à 12 mois.  Fait semblant de parler au téléphone, semble faire parler ses bonhommes lorsqu'elle joue.

Mon modèle numéro 3, mystèrieuse depuis 5 ans, n'avait pas vraiment de jeux imaginaires avant 2 ans, pouvait par contre faire semblant de parler au téléphone à 18 mois, ne faisait pas parler ses bonhommes, mais vie dans son imaginaire à fond !  Télé imaginaire dans sa chambre, ses pieds "sont vivants" lorsqu'ils bougent trop, fait semblant de dessiner dans le vide et j'en passe.


Si un enfant TED peut alors imiter et "faire semblant", que faut-il regarder ?  Comment expliquer leur diagnostic, face aux clichés ?


Comme c'est toujours pratique de pouvoir lire l'anglais et le français, j'ai trouvé ma réponse dans des textes en anglais. 

OUI un enfant TED peut faire semblant.
OUI un enfant TED peut imiter.
OUI un enfant TED a de l'imagination.

En anglais, certains textes ont enfin démêler le tout en expliquant qu'il faut regarder :

l'imitation sociale
le faire semblant social
la capacité de se mettre dans la peau d'un autre et inventé soi-même l'histoire sans que ce soit une reproduction de ce qu'on a déjà vu.


L'imitation sociale. L'enfant apprend par exemple à manger correctement par imitation sociale.  Il voit les gens faire autour de lui et ça lui apprend à faire pareil, il a envi de faire comme les autres. Alors que pendant une petite activité de groupe les enfants joueront à faire des constructions de blocs, l'enfant TED n'y porteront pas nécessairement attention.  Il continuera son activité dans son coin sans nécessairement chercher à s'intégrer au groupe. 

Le faire semblant social, ce sont les deux petites filles qui jouent à la poupée.  "toi tu es la maman, moi je suis le bébé".  La maman soigne le bébé, le bébé fait des gazouillis, pleure.  Le jeu social n'a pas de règle écrite, ça se fait "naturellement" sans que les petites filles décident d'avance du scénario à suivre. Elles inventent l'histoire au fur et à mesure, c'est là la capacité à se mettre dans la peau de l'autre et de créer par la suite son propre scénario.


Votre enfant fait-il semblant ?

Il y a des choses à vérifier.  Est-ce que l'enfant fait réellement semblant, s'invente-t-il une histoire ou bien reproduit-il un événement qu'il a vu récemment. Une scène d'émission de télévision ?

Un exemple. Papa répare la voiture. L'enfant rentre dans la maison et reproduit les mêmes gestes que papa avec son trotteur.  Fait semblant d'enlever les roues, de laver les freins et remettre les roues. Le jeu est fini. Il n'a pas de scénario, il n'a pas "inventé" quelque chose de nouveau, il n'a fait qu'une reproduction de ce qu'il vient de voir.

Observez les jeux de l'enfant à tous les jours.  Sont-ils répétitifs ? Est-ce qu'il va jouer à faire semblant de réparer la voiture à tous les jours pendant plusieurs jours ? Est-ce le même jeu à toutes les fois, y a-t-il des variantes provenant de sa propre imagination ?

Si les jeux de votre enfant vous semblent normaux, que vous n'arrivez pas à voir la subtilité qu'il pourrait y avoir, observez alors son faire semblant social.  Parvient-il à l'âge attendu (environ vers 2 ans) a jouer socialement. Est-ce qu'il fait de petits jeux de faire semblant avec un ami ? Est-ce qu'il essaie de contrôler le jeu ? Prévoir le scénario d'avance ?  Ce sont des choses à observer.

Pour un enfant TED dont le jeu de faire semblant semble développé suffisamment on remarquera qu'il a de la difficulté à le faire socialement avec une autre personne. Il voudra plutôt contrôler le jeu. Chez certains enfants le jeu social sera source de frustrations ou d'angoisse. Le jeu social devra être simple et répétitif. Il évitera donc les jeux comme décrit plus haut (la maman et le bébé). Il pourra par contre jouer à des jeux de poursuite sans problème.

Chez mes modèles.

Petit garçon commence à faire semblant de boire dans un verre vide, ou manger.  Mais c'est en fait de l'imitation, il imite ce qu'on lui a récemment montré. Il ne le fera pas pour jouer, ce ne sera pas développé.

Petite fille fait semblant de faire boire son minou, il fait dodo, se lève debout. Mais ce jeu n'est pas développé socialement.  Les autos seront toutes alignées et feront dodo toutes en même temps (sur le dos)... pour revenir toutes alinées. Elle fera boire son minou sur demande mais si on veut faire un scénario qui demande qu'elle comprenne les règles du tour de rôle, elle ne comprendra pas et voudra contrôler le jeu en prenant tous les objets pour elle, ou restera tout simplement sans réaction devant nos tentatives.

Grande fille a une imagination débordante, qui vient beaucoup de l'imitation directe. Ses jeux sont répétitifs et obsessionnels par moment.  Peut mener à des crises si on dérange son scénario prévu d'avance. Ne joue pas avec un autre enfant à des jeux de faire semblant sociaux (ou très peu). Jusqu'à tout récemment une petite fille qui lui demandait de jouer à la poupée menait à une crise de larmes et d'angoisse pour grande fille. Elle se tient donc loin des petites filles de son âge parfois "trop entreprenantes". Elle préfèrera les casse-têtes seule, les jeux de construction ou les dessins. Si on lui offre un cadeau comme une maison de petshop, elle nous demandera le fonctionnement. Elle ne comprendra pas ce qu'elle doit faire avec ce nouveau jeu dont les règles ne sont pas écrites ni claires. Un jeu qui demande à ce qu'elle imagine elle-même tout le scénario.
Si on joue socialement avec elle, elle sera portée à reproduire le scénario qu'on a nous-même inventé. Elle prendra plus plaisir à placer les objets que jouer avec.

Avoir un enfant autiste... (4)

Avoir un enfant autiste c'est...

La fierté de le voir réussir à boire presque-sans-dégâts-avec-aide dans un verre ordinaire.

C'est la joie de voir petit garçon sautiller (litéralement!!) jusque dans sa chambre à l'heure du dodo.

C'est la fierté et les émotions qui nous viennent de voir garçon suivre sa petite routine de salle de bain avec beaucoup de succès ! 

Blogger template 'Colorfull' by Ourblogtemplates.com 2008