Fais dodo, que je répare tes dents!
Je vais débuter ce texte sur un autre ton.
Comme je n'ai pas de grosses histoires d'horreur à vous raconter ici, vous savez bien que c'est parce que Tommy, n'est pas si pire!
Plusieurs parents peuvent comprendre ici le sarcasme de cette phrase qui est un des clichés fatiguant, tannant, achalant de l'autisme. Non méchant je tiens tout de même à le mentionner.
Alors, si nous suivons le cliché de l'autisme, si l'enfant n'a pas de trouble évident du comportement, il n'est pas "si autiste que ça". Bon... passons à autre chose!
Tommy a eu durant 3 ans de sa vie, une alimentation très restreinte. Il ne mangeait aucun légume, aucun fruit, pas de viande réelle et principalement des "cochonneries".
Hasard ou pas, en pleine croissance, là où son corps avait besoin de bons nutriments, il n'en recevait pas. À six ans, nous avons constaté que ses dents semblaient avoir subi le choc de sa carence alimentaire avec des dents, très maganées! Les caries apparaissent une après l'autre, les trous se creusent à une vitesse folle.
Anesthésie générale! C'est ce qu'on doit envisager pour un enfant autiste (ben oui! même s'il grafigne pas les gens et mord pas!) surtout quand il y a au moins 6 dents, à 3-4 caries par dents à réparer.
L'école a recommencé, les rendez-vous, les petits virus et j'ai mis un peu de temps avant de prendre son rendez-vous. Un premier "pré-op", et plusieurs mois plus tard, le vrai rendez-vous.
Si Tommy est vraiment autiste (ben oui!) je peux quand même témoigner de ses grandes forces tel que l'acceptation assez facile du changement et que ce n'est pas un enfant rigide. Une grande chance quand on a une longue journée à prévoir à l'hôpital, ainsi que beaucoup d'inconnu et d'imprévu. Je sais que certains auraient une horreur à raconter, l'anxiété, les crises de panique, mais Tommy a toujours été un enfant plutôt modeste, qui ne se questionne pas trop et se laisse (sauf exception) trainer un peu partout. Une force qui peut aussi être une faiblesse.
J'ai donc avisé Tommy la veille du rendez-vous qu'il serait en congé pour aller faire réparer ses dents.
Ce matin, je lui ai brièvement écris comment ça se passerait. Très simplement. Hôpital, lit, masque, dodo, réveil, IPAD, maison... (quelques phrases pour expliquer le tout).
Bien entendu, c'est plus complexe, des imprévus possibles, alors c'est mieux d'éviter de trop en mettre.
Tommy a quitté la maison à jeun depuis la veille, sans manger ni boire, sans rien demander. (trop c'est comme pas assez, si je ne lui offre pas il ne mangera pas dans plusieurs circonstances). Bien plaisant de ne pas avoir à se battre avec lui pour lui faire comprendre qu'il ne peut pas manger, vive la tablette qui l'a occupé jusqu'à son départ.
Bon, alors, nous sommes arrivés à l'hôpital et Tommy a attendu patiemment dans la salle d'attente. Longtemps!
Arrivés à 7h30.
Changé vers 8h00.
Attend, attend et attend.
Vers 8h30, nous sommes montés au bloc. Tommy a été un peu perdu après s'être couché sur la civière avec sa doudou et dit bonjour au dentiste il croyait que c'était l'heure de quitter. C'est fini! Parce qu'il s'était couché sur la civière.
Arrivée de l'anesthésiste elle remplie les papiers et me dit qu'elle va être prête à partir avec lui au bloc. Je demande si j'accompagne pour aider à l'endormir elle me répond :
"Non madame, les parents n'accompagnent pas les enfants sauf les enfants déficients ou autistes."
"Euhhhh... c'est qu'il est autiste."
"Ah... ben c'est pas si pire, ça va bien aller j'aurai pas besoin de vous. On le voit que c'est pas si pire!"
(petite pensée intérieure bien polie non méchante, rappelant les foutus clichés!)
Tommy est donc parti seul avec la dame pour l'anesthésie. Comment ça a été? Aucune idée!
9h10 heure du départ, 11h00 heure du rappel pour nous avertir que Tommy est réveillé......
...en crise, en larmes, incapable d'arrêter de pleurer. Criant "réparer dent", "bobo dent", voulant retirer à tout prix le soluté dans son bras. Mais quelle agression quand même au réveil!
10-15-20-30 minutes ont passées, Tommy a pleuré et pleuré, et crié, et pleuré.
Il a bu.
"Tommy, 1 - on boit de l'eau, 2 - c'est on enlève le fil"
On a retiré son soluté, après s'être battu avec le diachylon qui faisait pleurer Tommy de plus belle.
Il a mangé, demi-couché dans son lit.
Nous l'avons finalement bercé puisque toutes les autres suggestions étaient un échec et le faisaient crier encore plus. Même la tablette.
Il a fini par nous dire qu'il était fatigué et 1hr après son réveil, il est reparti dans un profond sommeil, caché dans sa doudou comme dans un cocon, comme il le fait depuis qu'il est bébé. Son réconfort.
Il a dormi un autre 45 minutes, pour se réveiller soudainement... assis droit dans son lit.
"Bravo! C'est fini!"
Avant de s'endormir nous lui avions dit qu'il devait attendre 30 minutes avant de pouvoir partir. Au réveil, il était bien prêt à s'en aller au plus vite.
Le sourire est revenu aussitôt que nous avons confirmé notre départ!
Dans la salle d'attente, en quittant, durant l'attente (encore) parce que le papa attendait pour retirer de l'argent, je me suis arrêtée pour jaser avec une dame qui attendait depuis quelques heures son conjoint lui aussi en chirurgie d'un jour. La dame jouait sur sa tablette IPAD, qu'elle a décidé, voyant Tommy intéressé, de lui ouvrir un jeu angry bird pour le laisser lancer quelques oiseaux, à son plus grand plaisir!
Alors tout est bien qui fini bien. En dehors d'un saignement de nez, l'appétit est revenue rapidement, Tommy a repris son sourire et sa bonne humeur. Reste que nous ne sommes pas pressés de remettre ça.
Comme je sais que d'autres parents y passeront, j'avais envie de vous partager sa petite histoire, si ça peut aider certains parents à savoir comment ça se passe à peu près.
Tommy est très facile comme j'ai dit puisque c'est un enfant assez docile (trop parfois) et comme sa compréhension de tout ce qui se passe est encore limitée et que c'est difficile pour nous de savoir ce qu'il comprend vraiment ou pas, c'est un enfant qui ne vit pas beaucoup de rigidités. Par contre, il était mieux d'éviter de trop le préparer pour ne pas qu'il y ait des changements imprévus. D'autres enfants eux, auront besoin de connaitre les lieux d'avances, l'horaire précis de ce qui va arriver etc..
Chaque histoire est différente, chaque enfant réagit différemment. Et même les enfants "typiques" ne trouvent pas cette expérience très agréable comme j'ai pu le constater avec l'autre petite de 8 ans qui est sortie de son réveil, elle aussi en grosses larmes.