lundi 24 septembre 2012

Jouons avec une poubelle

Je vais être honnête, je cherche comment bien écrire mon texte et le débuter. Vous savez, quand l'idée est là, mais que les mots ne semblent pas juste pour faire une bonne introduction à celle-ci?

C'est un peu mon problème actuellement et comme vous savez que j'écris toujours, du fond du coeur et de l'esprit, alors, j'écris, comme les mots sortent.

En fait le sujet est simple, mais je cherchais une plus belle façon que cet aveu pour vous l'introduire.

Entrer en contact et en relation avec un autiste, c'est différent. Quand je l'écris, je repense aux fois où j'ai conseillé à des parents, plutôt que de traiter leur enfant comme il devrait être, ils doivent le traiter comme il est.

Pourquoi est-ce que ça devient un conseil? Parce que quand l'enfant n'a pas un développement dans la norme, les parents peuvent tout de même, malgré eux, vouloir toujours demander plus à l'enfant. Ce n'est pas vraiment conscient, mais il devrait écouter quand je lui parle, il devrait revenir si je lui dis de ne pas s'éloigner... il devrait venir s'asseoir lorsque je lui demande.

Pourquoi? Parce que c'est ce que font les autres enfants. 

Mais quand on en demande autant à l'enfant qui n'est pas rendu à ce stade, on établit une relation qui n'est pas positive. On passe plus de temps à ramener à l'ordre, à punir (peut-être) et à être frustrer que l'enfant ne fasse pas comme il devrait.

Comme je dis, tout ça, de façon involontaire la plupart du temps et c'est la raison de mon conseil.

Pour moi, ce n'est pas de rabaisser l'enfant, mais simplement de m'ajuster à ce qu'il est pour établir une meilleure relation et un meilleur départ.


Un des compliments que j'ai souvent reçu, c'est comment nos enfants sont souriants, joyeux et dégagent une belle joie de vivre.  Si cela fait partie de leur personnalité, je crois qu'en tant que parents nous avons aussi notre mérite.


Il y a quelques années, j'ai entendu parlé d'un vieux film fait vécu qui a mené à l'établissement d'une méthode d'intervention qui s'appelle SON-RISE. Je n'en avais jamais entendu parler, mais pour moi, c'était tout simplement naturel. J'ai toujours suivi mon instinct face à mes enfants, bien avant les livres.

D'ailleurs, je n'avais aucune idée de ce qu'était l'autisme ni même que mon garçon en était atteint. Je les ai élevés selon leur développement, parce que de toute façon je ne connaissais rien d'autre.  J'ai été d'une certaine façon chanceuse parce que je n'ai pas vécu les frustrations de constater les retards et les différences face aux autres enfants. Je me suis émerveillée avec eux, de leurs jeux à eux, aussi "normaux" ou "anormaux" pouvaient-t-ils être.

Mais j'ai vu ce que l'hypothèse et l'inquiétude d'un trouble autistique peut faire à la relation de parent enfant.  Parce que le flapping qu'on trouvait si mignon avant de savoir, ne nous semble plus l'être quand on sait. Il vient, pour plusieurs parents, avec le mal au coeur. Les alignements qu'on trouvait si formidables nous semble dramatiques.

L'enfant n'a pas changé, mais la perception que les parents ont de ses activités et de ses comportements elle oui. Soudainement, on tombe dans le besoin de "guérir" et de corriger ce qui ne nous semble plus normal.

Pourtant, dans le monde de l'enfant, c'est ce qui est normal, c'est ce qui fait du sens.


Je ne suis pas vendue pour des méthodes d'interventions en particulier, je suis plutôt du type qui croit qu'on doit s'adapter selon l'enfant, mais... pour moi, ce que j'ai lu de l'intervention SON-RISE ne peut que faire du sens.

Si on veut amener l'enfant dans notre monde quelques secondes, on doit être capable d'aller dans le sien avant tout.  On ne doit pas avoir peur du flapping, des alignements, des jeux bizarres, on peut encore les trouver formidables et mignon, parce que ça fait partie d'eux tout simplement. On doit plutôt pour commencer une relation avec notre enfant, utiliser ses comportements, ses intérêts...

Pour entrer en relation avec l'enfant autiste, il faut avant tout qu'il y voit un gain, un intérêt et surtout un plaisir.  Si vous débutez en partant, à tenter de défaire ses alignements et lui montrer à les empiler, il se peut qu'il fasse plutôt une crise.

(je prends une petite pause pour dire qu'ici je partage mon opinion et mon vécu et que ce n'est pas une vérité absolue)

J'en parle, parce que je l'ai vu. Je ne dis pas qu'un jour on ne sera pas à l'étape de modifier un comportement problématique, je parle ici de l'établissement d'une relation saine et de confiance entre le parent (intervenant) et l'enfant.


Je reviens donc à l'établissement de la relation qui est le début de tout.

L'enfant autiste, dès son jeune âge, ne sait pas vraiment l'utilité que peut avoir le contact humain.  Ce qui explique l'absence du contact visuel, de l'attention conjointe, du partage d'intérêt. On ne sert tout simplement à rien là où les objets ont de multiples utilités.  D'ailleurs j'ai lu un article qui définit bien l'enfant autiste comme ayant un intérêt envers les objets plutôt que les humains.

Alors, on veut que l'enfant apprenne que le contact humain peut être plaisant. Ça fait donc tout son sens, qu'on tourne autour de la table avec l'enfant, ça apporte une autre dynamique à un comportement répétitif. Si on s'asseoit pour aligner des objets avec l'enfant, on peut très bien à court ou long terme développer une relation de jeu, en partageant les blocs pour les placer par exemple.


J'imagine qu'à ce stade de la lecture de ce texte vous vous questionner sur le titre de celui-ci et la motivation d'écrire un texte sur ce sujet.


Peut-être que pour certains (ou la majorité je n'ai aucune idée) ça fait juste comme moi, du sens et que personne n'a besoin de vous expliquer ces choses. Mais j'avais envie de l'écrire, pour les autres, qui se sentent peut-être surpassés par l'annonce du diagnostic ou de son hypothèse, qui comme j'écrivais plus haut, sentent soudainement un drame derrière des comportements qui ne dérangeaient pas vraiment avant...

Un drame, à ce stade-ci, il n'y en a pas à mon avis. De se permettre un temps de jeu agréable avec son enfant, sans égards à savoir si ce jeu est normal ou non, est simplement sain et bénéfique pour toute la famille.

On a tourné autour de la table, on a imiter les gestes de toute sorte de Tommy, on a aligner avec lui, on a même inventé des nouveaux jeux à travers ça. Certes, il n'est pas "guérit" et certains diraient même que de l'encourager l'enfonce plus...  Moi, je dis que j'ai un enfant avec qui j'ai une relation autant que possible agréable et que c'est mon rôle principal si je ne veux pas me perdre en tant que mère. Je pourrais le priver de tourner, d'aligner, de flapper, mais je ne sens pas que ce serait dans son intérêt et que ça l'aiderait à se développer mieux.  Là, j'ai plutôt un enfant qui vient me chercher, pour jouer à la cachette sous ses doudous. Qui va voir son papa pour se faire chatouiller en lui demandant...  On a un enfant qui a appris que ça peut être plaisant être avec nous et qu'on lui apporte quelque chose.

Bon d'accord, ok, mais le titre lui? Aller! On veut savoir!!!!

Une poubelle????


Si le petit dernier (je tiens à le mentionner le plus souvent possible pour ne pas me le faire reprocher) n'a aucun diagnostic, les outils de dépistages du trouble autistique ont quand même plus de 80% de fiabilité, voir plus. Alors, même s'il n'a aucun diagnostic, je me permets quand même d'utiliser mes tranches de vie avec lui, qui m'amènent donc à des textes comme celui-ci, mais aussi, me rappellent des souvenirs, qui me semblent si loin avec Tommy.

Avec le bébé, la tâche est à son début. C'est-à-dire développer une relation qui lui donne envie d'être avec nous et d'établir un contact. C'est le pré-précurseur de la communication. On parle souvent du pointage, mais avant le pointage il y a quoi? Il y a ça, la relation qui devrait être naturelle entre un bébé et son environnement, principalement les gens. Quand ce n'est pas acquis, le reste ne suit juste pas.

Bébé, malgré son sourire, sa généralement bonne humeur, n'est pas un sujet simple à divertir. Il a un très très gros intérêt pour les petites voitures et c'est difficile de le sortir de celui-ci.

La fin de semaine qui vient de passée, j'ai acheté UN AUTRE (dirait le papa) jouet. Dans l'espoir d'arriver à intéresser le bébé à autre chose. Et... ça a été un succès!!

On s'est assis, on a fait des piles, et bébé a eu du plaisir sans essayer de se sauver ou de tout lancer. Une première! 

Bon, d'accord, en toute honnêteté, son premier réflexe a été de tout lancer et moi de me sentir découragé de cet échec. Ensuite, il a trouvé une POUBELLE (ahhhhh ça s'en vient on va comprendre le pourquoi du titre!).  Son gros plaisir (parce qu'il ne peut plus depuis quelques jours lancer les choses dans la cage d'escalier qui n'existe plus) a été donc de lancer les blocs du jeu dans la poubelle. Un remplacement pour la cage d'escalier et un génial jeu action réaction. On lance dans la poubelle, ça tombe dedans, ça fait du bruit!

Le lendemain, j'ai réussi(YÉ!) à lui faire faire les piles avec moi. (oui ça a été seulement au lendemain, on prend les moments qui passent!)

Si le contact n'est pas simple avec lui et les moments de découragements fréquents, alors je peux vous dire que les réussites elles, (vous connaissez ça hein!) le sont pas  à peu près! 

Aujourd'hui, bébé jouait encore avec sa poubelle et ses blocs et à un certain moment, il a voulu se sauver pour lancer son bloc ailleurs là où il ne fallait pas. J'ai pris bébé, je l'ai amener avec moi par la main et je l'ai amené devant la fameuse poubelle. Là j'ai pris son bras et fait le mouvement de lancer le bloc qu'il a retenu fort dans ses mains. J'ai continué avec des "oh... ah non! oupss" et bébé s'est mis à rire. Il a fini par lâcher en même temps que le mouvement que je faisais de lancer avec son bras. Et il a trouvé ça drôle, assez pour vouloir recommencer. Encore et encore. Et oupss... un bloc est aller trop loin, et il est revenu, il s'est replacé devant moi, en position d'attente pour que je recommence le manège.

Nous ne faisons peut-être pas de casse-têtes, ni n'apprenons-nous les sons des animaux ou les parties du corps comme les autres enfants de cet âge, mais le travail fait par un petit jeu si banal (et probablement hors norme) est tout aussi important sinon essentiel à la suite. Parce que bébé apprend que ce contact lui apporte quelque chose. 

D'ailleurs, pour finir ma tranche de vie et le texte méli-mélo ci-haut, peu après ce jeu, j'ai cherché à ce que bébé demande (à sa façon même s'il devrait pointer, on commence par le début soit de manifester la recherche du contact de l'adulte)  son lait qui était hors de sa portée sur le comptoir. Celui-ci, cherchant du mieux qu'il pouvait à attraper son lait lui-même, moi qui était à genoux, près de lui à sa hauteur, est venu de reculons (vraiment là je parle de marcher de reculons), s'asseoir sur mes genoux, attendant que je le prenne pour l'amener jusqu'à son lait.

Pour moi, c'est mignon, c'est un début, c'est beaucoup. Quelques minutes qui nous a permis d'avoir du plaisir et de partager quelque chose. 



En espérant que cette petite tranche de vie aura su vous apporter un petit quelque chose.


Et pour finir, vous connaissez "Intérêts pour les parties d'objets"





À vos risque et périls si vous tenter de remonter le tout, bébé n'était content quand j'ai voulu remettre la roue j'ai eu droit à toute une protestation!  Je trouvais le tout mignon! (oui oui c'est permis de trouver mignon!)

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