jeudi 3 octobre 2013

Intégrer ou ne pas intégrer, là n'est PAS la question

J'ai déjà, depuis le début de l'entrée scolaire de Tommy il y a 3 ans, abordée le sujet de la scolarisation des enfants différents.

Mon premier texte remonte déjà à mars 2011. Ma première réflexion avant mon entrée dans le monde scolaire avec un enfant différent. 

D'un côté il y avait une éducatrice qui avait si confiance en Tommy et ses capacités intellectuelles et d'apprentissage incroyables qu'elle le voyait facilement faire parti d'un groupe dans une classe régulière. Du moins, pour la maternelle, nous n'étions pas rendu plus loin à ce moment.

C'est alors qu'un soir, la réponse, pour moi, m'a sauté aux yeux. Je ne voyais absolument pas mon fils dans une classe régulière. Lui qui oui, aime bien voir les amis jouer, mais qui ne cherche pas de contact social, qui est extrêmement distrait par tous les stimuli de l'environnement. Je vous laisse donc imaginer un petit fugueur, distrait, qui saute de joie à regarder les différents stimuli d'une classe colorée, qui n'en a rien à faire des amis, à l'école régulière.

http://ou-est-tommy.blogspot.ca/2011/03/des-crayons-ca-sert.html


Cette réflexion a été ma première de constater que plutôt que d'essayer d'aider Tommy a vivre en tant qu'autiste, on essayait plutôt, ce que la société s'attend de, c'est qu'on le normalise au maximum. Sinon, il nous est carrément inutile sur cette Terre hein!

Tommy a finalement fait son entrée quelques mois plus tard, avec l'accord de l'équipe école de mon quartier qui ne le voyait vraiment pas dans une classe de maternelle, avec les exigences que ça aurait demandé, dans une école spécialisée.


Tommy est de ces cas qu'envient beaucoup de parents sans même réaliser que leur envie est légèrement mal placée.  Ces enfants qui fréquentent une école spécialisée, qui n'auront fort probablement jamais de diplôme et peut-on même espérer un emploi un jour? La plupart non. C'est ce qu'avait répondu le directeur de l'école à Tommy lors d'une entrevue à savoir ce qu'on pouvait espérer des jeunes qui fréquentent cette école.

Pourtant, les parents des autres jeunes, qui n'y ont pas leurs places, non par faute de places disponibles mais plutôt parce que ce n'est juste pas l'endroit pour eux, continuent d'envier une place qu'ils disent "privilégier". Nous sommes les "chanceux" qui avons tout.


L'entrée à l'école spécialisée était pour le papa de Tommy, une chance, et surtout une source d'espoir qui au fil des semaines, s'est éteinte, tranquillement...

Les mois ont passées, et si je n'avais pas totalement pris conscience de ce qu'était l'école spécialisée pour Tommy, j'ai fini par le comprendre...

http://www.ou-est-tommy.blogspot.ca/2012/09/une-autre-entree-differente.html



Quand on entre dans le monde scolaire et qu'on veut en faire une dénonciation, peu importe de quel type, mais qui touche la scolarisation des enfants différents, inévitablement il y a des partis qui sont blessés dans cette dénonciation, même si elle n'est pas personnelle, même si elle n'accuse personne ne particulier.

Pour ma part, je me suis permise de le faire plusieurs fois l'an dernier, d'expliquer qu'il y a un manque, principalement en parlant de l'école spécialisée, oui, celle qu'on croit salvatrice, qui va tout régler.

Qui suis-je pour dénoncer un problème dans la scolarisation des enfants différents et ce même s'ils fréquentent une école adaptée? Alors là, ce serait mon enfant que je blesse, disant que je ne crois pas qu'il avance et que ça l'amènera loin, et de l'autre côté ce sont les professionnels qui sont vexés, parce que je dénonce que leur travail, qu'ils font très bien, ne me semble pas ce dont mon enfant a besoin à l'école...


J'ai lu cette semaine un article sur un autre blog, qui d'ailleurs fait beaucoup de vagues. Moi, j'étais ravie. Je vous invite à le lire avant de poursuivre.

http://joyeusescatastrophes.com/ces-enfants-lon-voudrait-normaux/


J'avais déjà lu une discussion sur ce sujet il y a plusieurs mois, une question qui se voulait très appropriée, qui s'est vue être involontairement blessante.

"Pourquoi y a-t-il un enfant différent dans la classe de mon enfant "normal" qui le dérange au point qu'il a de la difficulté avec les apprentissages à l'école."


Et les parents d'enfants différents se sont vus blessés par ce questionnement qui amenait à demander si l'enfant différent avait sa place, intégré dans une classe régulière, avec des enfants "normaux".


C'est un peu, le ton du texte que j'ai lu cette semaine. Du moins, celui que beaucoup de parents d'enfants différents intégrés croient.


Pour ma part, j'y ai lu un portrait assez réaliste de l'exigence des enfants a besoins particuliers de tout genre en classe qui fait que les enseignants ont de la difficulté à faire leur travail comme avant. Des plans d'interventions à appliquer, pour plusieurs enfants dans une même classe. Un enfant bruyant qui cri, un angoissé, un enfant avec des tics, tous regroupés sous un même toit.

La question alors qu'on se pose c'est à savoir si l'enfant devrait, aurait dû être intégré dans une classe régulière et pourquoi?

Ensuite, on parle des classes adaptées qui pourraient offrir mieux, un meilleur soutien, une meilleure chance d'avancement.


Et c'est là... que je sors.


Intégrer ou ne pas intégrer, ce n'est même pas la question.  On parle de différence et d'enfants avec des besoins bien précis. Malheureusement, si on rêve d'un monde meilleur pour ces enfants, pensant alors que la classe adaptée ou l'école spécialisée serait meilleure, c'est là qu'on se trompe, pas juste un peu, mais énormément.

C'est toujours le même principe de l'herbe qui est plus verte chez le voisin, jusqu'à ce que finalement, on y a passe un peu de temps pour réaliser que non, ce n'est pas parfait de ce côté non plus.


J'ai adoré le texte qui pour moi dénonçait un problème, mais le problème est au-delà de l'intégration ou non, du manque de services dans les écoles régulières mais bien un problème de scolarisation des enfants différents. Point.


Les enfants sont tous différents, si différents qu'on ne saurait pas plus qui mettre dans quelle classe pour avoir la meilleure harmonie possible.

Si les enfants différents "dérangent" en classe régulière, c'est faux de croire que la classe adaptée est une meilleure solution et qu'ils ne se dérangeront pas entre eux.  Leurs particularités sont trop diversifiées et leurs besoins tellement différents.

Finalement, ils se dérangent. Ça, c'est une réalité, et c'est une réalité qui est dure, qui fait mal pour les parents mais qui est là pour rester.


La classe adaptée et l'école spécialisée viennent avec une chance d'avoir plus de services, un accès plus facile à des professionnels et des classes a ratio réduit. Si on peut le dire comme ça, sachant que chaque élève du ratio réduit en vaut plus d'un à lui seul, alors finalement, on a une classe tout aussi débordée, qui malgré l'accès plus facile aux services, fait, elle aussi, son possible. La différence c'est qu'on ne dérange pas "les petits normaux".



Il y a maintenant plus de trois ans que je suis dans le monde scolaire.

D'un côté, du régulier, d'une petite qui "dérange" les normaux de la classe, non qu'elle est seule à déranger...

De l'autre côté, l'école "rêvée" par tant de parents, enviée..., l'école spécialisée, avec un ratio réduit, des professionnels accessibles, orthophonie, ergothérapie, psychologie, musicothérapie...



Pourtant, aujourd'hui, je peux vous dire, qu'un n'est pas mieux que l'autre. Si mes enfants doivent progresser du côté intellectuel, dans les deux écoles, apprendre des maths, lire, écrire... malheureusement, ce pourquoi ils ont le plus besoin d'aide est ce qui est le plus négligé. Faute de temps, faute de services, faute d'accessibilité et ce même si ça semble si beau sur papier.

Les deux ont des plans d'intervention qui au fils des ans je trouve ne veulent plus dire grand chose. Si ce n'est qu'ils ont "besoin" d'aide, sur certains points, et que finalement à la fin de l'année on réalise qu'on a manqué de temps. Parce que la TES du régulier a été trop occupée, à travers les dizaines d'enfants a besoin qu'elle doit prendre soin. Parce que les professionnels du spécialisé ne savent plus où donner de la tête dans tous les dossiers qu'ils gèrent, qu'à travers les congés divers et le début des "stimulation", il ne reste plus beaucoup de temps pour nos enfants.



Si j'aborde régulièrement le sujet du manque dans la scolarisation des enfants différents, je peux vous dire malheureusement que l'impact n'est pas aussi grand. Je suis seulement UN parent. C'est mon opinion, face à mes enfants, et pourtant je ne crois pas être si loin d'une certaine vérité.

Mais quand j'aborde le sujet, on retient que je suis insatisfaite de l'école, des écoles, des professionnels alors que ce n'est même l'essentiel de mon message.


Je crois que nos enfants peuvent aller plus loin. Tous, sans exceptions. Aussi loin qu'ils le peuvent sans dire qu'ils auront tous le même rythme et la même fin. Je crois qu'il pourrait y avoir mieux dans la scolarisation des enfants différents.

Pour moi, ça va au-delà du débat de l'intégration ou non et pourtant, pour le moment, je sens que le débat s'est arrêté au mauvais endroit, blessant inévitablement en chemin différents partis.



Malheureusement, à la fin de ce message, les gens retiendront que MOI je ne suis pas satisfaite. Certains alors viendront parler de "leur succès", de leur satisfaction, de la meilleure intégration qu'ils ont vécu...  alors qu'en aucun temps je ne dis que dans le système actuel ce n'est pas possible.



Je dis que ce n'est juste pas la chance de tout le monde et que peu importe comment on retournera la question, le monde scolaire, peu importe qu'on ajouterait des classes spécialisées, adaptées, on aura quand même le problème.

2 commentaires:

Anonyme

Et de l'autre-l'autre-l'autre côté, il y a les parents qui ont décidé de scolariser leur enfant à la maison, pour, justement, "éviter" les manques de l'école régulière ou l'école spécialisée... Et tu sais quoi? Ben ces parents-là se font répondre par les coordonnateurs de services du CRDITED que c'est extrêmement difficile de les aider et que c'est extrêmement inquiétant pour l'évolution de leur enfant!

Ma conclusion en est donc devenue la suivante : la société ne veut pas nous aider, elle veut nous assimiler ou, à défaut, nous tasser. Pas question d'authenticité, c'est ben que trop compliqué à gérer!

Faut pas perdre notre sens critique, c'est une des seules choses qui peut vraiment aider nos enfants...

Fofie.

Anonyme

Merci Annie, ton texte me touche beaucoup, je reviens du pti de ma fille et j ai senti le proffesseur vexée par nos suggestions... le but n était vraiment pas ça . Mais je comprend, après avoir lu ton texte ;o) POur ma part j ai les deux enfants qui sont scolarisé, Angie en intégration et Ismael à l école spécialisé, je trouve vraiment plus difficile l intégration car à chaque année nous devons essayer d'éducquer les intervenants de la classe sur le TED et c'est vers la fin de l année qu elles comprenne mieux ma fille et toyt est à recommencer.... POur Ismael j ai rien à dire à part que je crois qu il est à la meuilleure école du QC , car les proffs et TES sont formées par Brigittes Harison, le proff qu'Ismael a est celle qui a le plus de formation ;o) Bye Véro ( rvtail ) xxx

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