mardi 12 janvier 2010

Ces gens qui cherchent des étiquettes "à tout prix"

On ne le se cachera pas... nous sommes dans une ère "diagnostic". Une ère de performance et une ère où le contact social est ultra important.  On doit être "comme tout le monde".

À l'époque de nos parents :

Un enfant qui ne parlait pas, prenait simplement son temps. Il parlera à 4 ans si ça lui chante, ce n'est pas grave...

Un enfant qui bouge beaucoup, il a de la vie...

Un enfant qui n'a pas d'amis, qui joue seul,  il est indépendant...

Un enfant qui fait beaucoup de crises inexpliquées, il est capricieux, enfant roi...

Un enfant qui joue pas avec les autres enfants à l'école, il est timide...


À cette époque, c'était simple.  C'était sans stress. On laisse les enfants se développer comme ils veulent, on ne passe pas nos journées à lire des livres sur l'éducation, le développement ou comparer avec le voisin.


Aujourd'hui :

L'enfant ne dit pas papa et maman à 12 mois, il faut être inquiet...

On doit surveiller si il pointe les choses à 12 mois...

Il doit être intéressé aux amis à 2 ans au moins...

Il doit avoir 300 mots dans son vocabulaire à 2 ans et faire des phrases de 2 mots...

Il doit savoir sauter entre 18 mois et 2 ans... faire du tricycle avant 3 ans...

Il ne doit plus mettre les choses dans sa bouche à 2 ans...


Je pourrais continuer la liste si je voulais, elle est presque infinie. Où à l'époque on voyait surtout des enfants, maintenant on voit des problèmes, des retards, des inquiétudes.

À 18 mois on consulte parce que l'enfant ne dit que 2 mots. On va voir l'orthophoniste, on suit des séances intensives.

À 2 ans on songe à l'ergothérapie parce qu'il ne marche pas aussi bien que le petit voisin.


J'exagère(à peine!) vous le comprendrez , mais comme dans tout, il y a une grosse partie de vérité.  Les professionnels (généralement... le devrait du moins) sont plus alertes sur le développement de l'enfant. Les orthophonistes, ouvrez le bottin, ce n'est plus le choix qui manque aujourd'hui.

Nous, les parents d'aujourd'hui, sommes entrainé dans un tourbillon.  Nous essayons de faire le mieux pour nos enfants, mais on se perd maintenant dans le "dois-je être inquiet ou est-ce normal ?".

On partage notre vécu sur Internet, les blogs, on lit les revues qui parle de développement de l'enfant avec le bel encadré qui cite les "signaux d'alertes chez un enfant". On devrait consulter si l'enfant ne pointe pas à 12 mois et lui faire passer un test d'audition, voir une orthophoniste.

On voit maintenant les mamans stressées, qui ne savent plus où donner de la tête entre faire confiance à son enfant, se faire confiance ou faire confiance à tous les livres. On voit des mamans qui se comparent, qui se sentent moins bonnes parce que leur enfant ne dit pas maman à 12 mois alors que celui du voisin le dit depuis 9 mois.  On voit des mamans inquiètes parce que bébé se tient assis seul(quelques secondes du moins) à 9 mois et pas à 6 mois comme prédit dans les livres.

Pourquoi aujourd'hui les rencontres d'orthophonie sont pleines à craquées ? Que les listes d'attentes pour voir un professionnel s'allonge à vue d'oeil ?  Que le CLSC déborde de demande pour avoir l'aide d'une éducatrice pour un enfant un peu trop turbulents ?

Pour les gens de cette époque, c'est parfois dur de comprendre. Pourquoi cherchons des étiquettes "à tout prix". Certains penseront même que nous "inventont" de nouvelles maladies. 


Le nombre d'enfants diagnostiqués avec un trouble de langage a explosé. Le nombre d'enfants avec un TDAH et la médication, fait peur... Le nombre d'enfants avec un TED a augmenté. On ajoute des termes qu'on connaissait peu, dysphasie, dyspraxie, etc..


Bien entendu, il y a des failles dans le système actuel. Des enfants trop rapidement catégorisés alors que les spécialistes sont "trop dedans". Ils oublient de regarder parfois l'ensemble de la situation, un changement dans la situation familial, un stress dans la vie de l'enfant. 

Une copine de blog avait mis un article intéressant à ce sujet que vous pouvez lire à la fin de son message ici : http://luniversdelextra.blogspot.com/2010/01/article-interessant.html


Mais en dehors de ces failles, si on parle entre-nous, parents d'enfants maintenant étiquettés.

Si on expliquait pourquoi on cherche cette étiquette "à tout prix".

L'étiquette fait encore très peur pour plusieurs. Peur du jugement des gens de l'époque, qui ne comprennent pas toujours, peur de se faire remarquer, catégoriser. L'étiquette est comme le "jugement final", celui où il n'y plus de retour en arrière, plus d'espoir pour l'enfant.

C'est ce qui traverse probablement l'esprit de ceux qui digèrent parfois mal cette étiquette.

L'étiquette pourtant est aujourd'hui essentielle, dans ce monde que je disais "de performance".

Ce monde dans lequel on doit maintenant expliquer pourquoi l'enfant n'est pas "comme tout le monde". Pourquoi il n'apprend pas aussi rapidement, pourquoi sauter est difficile.

Si ces enfants n'ont pas d'étiquettes ils seront en échec dans ce monde, mal compris.

Une autre copine parlait des étiquettes de vêtements et je trouvais le parallèle intéressant.
Qu'est-ce qui est le plus important dans l'étiquette du vêtement pour nous ? La marque ? Non ! Lorsqu'on fait du lavage, on a besoin de savoir quels soins apporter aux vêtements. On ne doit pas mettre un vêtement en laine dans la sécheuse, on doit faire attention aux couleurs, à la sorte de tissu.  Est-ce qu'il va "fouler"...

L'étiquette de nos enfants qu'est-ce que c'est ? Le nom ?

NON ! C'est une liste de leur contenu pour savoir quels soins on doit leur apporter.

C'est une façon d'avoir une petite fenêtre sur leur Être, à mieux comprendre comment ils fonctionnent afin de mieux pouvoir les intégrer dans le monde "normal".  Nous aurions beau vouloir faire autrement, aujourd'hui c'est comme ça.  L'ère de performance exige.

Oui aujourd'hui on cherche des étiquettes "à tout prix", que ce soit

retard de langage
retard moteur
TED
autiste
dyspraxie
dysphasie
dyslexie
trouble d'apprentissage
TDAH
et d'autres termes que je ne connais pas nécessairement

Aujourd'hui l'étiquette est la porte vers l'aide. Vers un meilleur futur.


À l'époque :

L'enfant TED sévère était bon pour un placement.
L'enfant distrait et qui bouge beaucoup était un futur décrocheur.
L'enfant qui faisait des crises qui était opposant, est en prison.
L'enfant indépendant, est toujours seul aujourd'hui.

(encore ici j'exagère... mais encore...)

Aujourd'hui :

L'enfant TED sévère pourra peut-être poursuivre des études universitaires.
L'enfant distrait et qui bouge beaucoup est peut-être un futur athlète aux olympiques.
L'enfant qui faisait des crises et était opposant est peut-être un futur avocat.
L'enfant indépendant n'est plus seul.


Aujourd'hui nos enfants ont de l'aide et c'est tout ce qui compte.  L'étiquette, le nom ou peu importe ce qu'on en dit, c'est la porte vers les services, vers la compréhension, vers des attentes au niveau des capacités de l'enfant.

L'étiquette est "on l'espère" signe d'un meilleur futur pour nos enfants qui en ont réellement besoin !




***Ce message est écrit par une maman qui "court" après les étiquettes depuis 1 an et demi, et qui en est fière. Une maman qui sent qu'elle fait tout son possible pour ses enfants et qui se fou bien du nom de l'étiquette qu'ils portent. Ce message est écrit par une maman qui est enfin en paix avec toutes les démarches qu'elle a entrepris et qu'elle entreprendra encore dans le futur.

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